"Corrida et combats de coqs : le nécessaire débat"
La récente inscription de la corrida au patrimoine immatériel français soulève à nouveau la question de la légitimité de la persistance de cette pratique.
En effet, le code pénal, qui interdit le fait d’exercer des sévices graves envers les animaux, stipule que « les dispositions […] ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie ».
La notion floue de « tradition locale ininterrompue » a ouvert la voie à de nombreuses dérives : reprise de la tauromachie dans des zones où elle avait disparu depuis plusieurs dizaines d’années, extension de la pratique à une entité administrative large sous prétexte qu’elle existait dans une localité,… Dès lors, le principe d’interdiction stricte avec quelques exceptions s’est vu mué en des autorisations de plus en plus larges et le concept même de « tradition locale ininterrompue » est devenu totalement absurde.
Or, il a été démontré scientifiquement que les animaux possèdent des systèmes particuliers pour la perception des stimulations nocives et que cette perception s’accompagne d’une intense et désagréable composante affective. Dès lors, la conclusion à laquelle ces observations aboutissent est que les taureaux, comme les coqs, ressentent la douleur, le stress et la souffrance avec des caractéristiques semblables à celles ressenties par les êtres humains. La question principale est donc de savoir si un spectacle dans lequel la violence sur un être vivant constitue l’aspect essentiel est un bien culturel à préserver et à transmettre…
De plus, ce sont les ferias qui génèrent une activité économique locale et qui profitent aux commerçants. En moyenne, 90 % des personnes qui viennent faire la fête dans les rues n’assistent pas aux corridas.
Néanmoins, la question de l’interdiction de ces pratiques doit passer par un nécessaire débat et l’organisation de référendums d’initiative citoyenne afin de permettre à chacun d’exprimer son opinion et d’être le mieux renseigné possible. La prise de décision descendante doit être substituée à une véritable concertation avec les populations concernées afin de mettre un terme à la souffrance animale.
Pour une déclaration similaire voir également : Quelle est votre position sur les barbaries d'un autre âge que sont la chasse et la corrida ?", rue89, 8 juin 2011.
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Cette position rejoint la réponse faite le 12 mars 2012 par Eva Joly à L214 et Néoplanète :
L214 / Néoplanète : Êtes-vous favorable à l’interdiction des corridas et des combats de coqs ?
Oui. Je suis personnellement choquée par la tauromachie, dont le prétendu art défendu par ses partisans repose en réalité sur l'infliction de sévices et de souffrances. Dans une société moderne, une telle pratique, tout comme les combats de coq, ne devrait selon moi plus avoir sa place. Leur continuation relève d'un anachronisme. Je considère que la question de l’interdiction de ces pratiques doit passer par un nécessaire débat et l’organisation de référendums locaux, afin de permettre à chacun d’exprimer son opinion et d’être le mieux renseigné possible. La prise de décision descendante doit être substituée à une véritable concertation avec les populations concernées afin de mettre un terme à la souffrance animale.
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Le 29 février 2012, Eva Joly avait déclaré en ces mêmes termes au CRAC : « j’estime que dans une société moderne la corrida n’a plus sa place. » à la sortie d'un meeting, sans toutefois indiquer comment elle compte mettre fin à cette pratique sur le territoire français.
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