Élevage

Réduction du cheptel bovin: 4 sénateurs demandent au gouvernement de ne pas suivre les recommandations de la Cour des comptes

Personnalités politiques (4)

Photo Sabine Drexler
Sabine Drexler Sénatrice (68) LR
Photo Hugues Saury
Hugues Saury Sénateur (45) LR
Photo Emmanuel Capus
Emmanuel Capus Sénateur (49) Horizons

Question parlementaire

Nationale

Question écrite n°07921 de M. SAURY Hugues (Loiret - Les Républicains) :

M. Hugues Saury attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la situation des éleveurs bovins en France. Dans un rapport intitulé « Les soutiens publics aux éleveurs de bovins » publié sur le 22 mai 2023, la Cour des comptes recommande de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin ». Jugeant le modèle de production fragile malgré un soutien public très élevé, elle affirme que le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement une diminution du cheptel. En effet, selon les auteurs de ce rapport, cette recommandation s'impose en raison d'un bilan climatique largement défavorable, l'élevage bovin représentant 11,8 % des émissions de gaz à effet de serre. Or, sans remettre en cause les objectifs climatiques, force est de constater que le rapport n'aborde ni la question de la déstabilisation de la filière, ni l'impact sur le tissu économique local, ni même celle du bilan carbone des viandes bovines importées et de la souveraineté alimentaire. Par conséquent il lui demande quelle stratégie le Gouvernement envisage pour conjuguer les recommandations de la Cour des comptes avec le maintien d'une filière bovine et la sauvegarde de notre souveraineté alimentaire.

Question écrite n°07121 de M. CAPUS Emmanuel sénateur (Maine-et-Loire - Les Indépendants) :

M. Emmanuel Capus attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la situation des éleveurs bovins en France.
En effet, dans un récent rapport, la Cour des comptes a affirmé que « le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement une réduction importante du cheptel », au motif que l'élevage bovin représente 11,8 % des émissions de gaz à effet de serre. Cette recommandation a fait l'effet d'un coup de massue pour l'ensemble des acteurs de la filière.
La Cour avance également que la réduction du cheptel ne nuirait pas à la souveraineté alimentaire de la France en matière de viande rouge si les consommateurs suivaient les recommandations de certaines autorités de santé de ne pas manger plus de 500 grammes de viande rouge par semaine. Pourtant, le cheptel français est d'ores et déjà en baisse (- 10 % en six ans), alors que la part des importations représente encore plus de 20 % de la viande bovine consommée par les Français.
Il soutient la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, il observe aussi que c'est une vue de l'esprit de vouloir diminuer ces émissions en réduisant le cheptel français, si dans le même temps les importations de viande bovine continuent d'augmenter. Les gaz à effet de serre affectent également le climat lorsqu'ils sont émis à l'étranger ; en revanche, les éleveurs français ont un impact positif sur notre environnement, notamment grâce à l'entretien des prairies. Par ailleurs, ils sont bien souvent plus vertueux dans leurs pratiques que les éleveurs étrangers dont nous importons massivement la production.
Il souhaite donc savoir quelles suites le Gouvernement entend donner aux recommandations surprenantes et contestables de la Cour des comptes, sachant qu'elles impliqueraient, soit de contraindre le régime alimentaire des Français, soit de contraindre les éleveurs français à réduire le nombre de leurs bovins.

Question écrite n°07434 de Mme DREXLER Sabine sénatrice (Haut-Rhin - Les Républicains-A) :

Mme Sabine Drexler attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur les récentes recommandations de la Cour des comptes en matière d'élevage bovin.
Alors que depuis des années, le cheptel bovin français tend à diminuer à l'instar du nombre d'exploitants agricoles, la Cour des comptes a présenté dernièrement un rapport critique qui s'apprête à bouleverser toute une profession, déjà grandement affaiblie. En effet, alors qu'ils n'étaient pas moins de 2,5 millions en 1955, les exploitants agricoles français ne sont aujourd'hui plus que 496 000 selon le recensement agricole (RA) de 2020. Dans ce cadre, les élevages bovins ne font pas exception. Ces derniers, qui représentent 32,4 % de la surface agricole, se révèlent être l'activité agricole la plus subventionnée en France, avec 4,3 milliards d'euros d'aides publiques par an. Ainsi, les magistrats de Cour des comptes jugent que le modèle de production de l'élevage bovin demeure « fragile » malgré un soutien public « très élevé », et mettent en avant un « bilan climatique défavorable ». Fragiliser cette filière reviendrait à remettre en cause notre souveraineté alimentaire dans un monde instable et globalisé. Ces mesures favoriseraient les importations alors que la France n'est autosuffisante pour aucune filière animale. Importer de la viande engendrerait une hausse de l'émission de gaz à effet de serre et serait totalement contreproductif.
Aussi, elle lui demande de bien vouloir préciser ses intentions en matière la politique gouvernementale pour l'élevage bovin.

Question de M. CHAIZE Patrick Sénateur (Ain - Les Républicains) :

M. Patrick Chaize appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la situation inquiétante que connaît l'élevage bovin français.
En effet, la baisse drastique de production de lait comme de viande en France, conjuguée aux nombreux départs à la retraite d'éleveurs au cours des cinq prochaines années, laisse craindre un avenir très incertain pour le secteur.
Pourtant, le modèle d'élevage français a la particularité de présenter de nombreuses externalités positives. En effet, si l'élevage est une activité de production de lait, de produits laitiers et de viandes de qualité, il présente aussi de nombreux atouts en matière de transition environnementale et de préservation de la biodiversité. On peut ici citer l'absorption de dioxyde de carbone que permet la prairie ainsi que le stockage de CO2 qu'elle favorise, le réseau des haies qui participe à la préservation de la biodiversité ou à la lutte contre les incendies.
La filière de l'élevage est au coeur de nombreux défis qu'elle est prête à relever, qu'il s'agisse du changement climatique, de la préservation de notre environnement et de l'évolution des habitudes alimentaires.
Mais le rapport intitulé « Les soutiens publics aux éleveurs de bovins » publié le 22 mai 2023 par la Cour des comptes est venu accabler la profession, en jugeant le modèle de production fragile et en affirmant que le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement une diminution du cheptel.
Dans ce contexte sensible, une position affirmée du Gouvernement en soutien à la filière de l'élevage bovin semble indispensable en vue du maintien de son activité et de la sauvegarde de notre souveraineté alimentaire. Il lui demande donc quelle politique gouvernementale il envisage de mettre en oeuvre pour accompagner l'élevage bovin et faire qu'il conserve la place qu'il mérite.

Lire la suite

Crédits

Soumis par Thierry Lherm

En savoir plus

Partager cette prise de position

Attentes citoyennes

86%

des Français
estiment que l'abattage sans étourdissement préalable est inacceptable quelles que soient les circonstances

Parcourir les sondages
44%

des Français
estiment que le « bien-être » des animaux de ferme n'est pas assuré aujourd'hui en France

Parcourir les sondages