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2 sénateurs demandent des tirs contre les ours

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Maryse Carrère Sénatrice (65) PRG
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Question parlementaire

Nationale

[Ces éleveurs] n'ont que faire des mesures de protection, qui sont inefficaces face aux prédateurs dont le comportement est inquiétant.
C'est pourquoi il lui demande de procéder à des prélèvements graduels d'ours pour soulager la pression, par la même méthode et avec la même urgence mise en place en octobre 2018 pour les lâchers.
(extraits des questions)

Question d'actualité au gouvernement n° 0826G de Mme Maryse Carrère (Hautes-Pyrénées - RDSE)

Mme Maryse Carrère. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Monsieur le ministre d'État, l'espace montagnard s'apprête à vivre sa période de transhumance. Aussi, je souhaite vous alerter sur son activité pastorale. Vous ne pouvez ignorer ni cette pratique ancestrale ni ces femmes et ces hommes qui, chaque jour, font vivre une économie locale prônant l'excellence, entretiennent nos paysages, garantissent le maintien des populations montagnardes et valorisent l'économie touristique.

Ces éleveurs sont à bout de forces. Ils ne supportent plus de vivre sous une perpétuelle menace de prédation, à mesure que l'ours ou le loup se rapprochent des villages, que ce soit dans les Pyrénées ou dans les autres territoires de montagne. Ils n'en peuvent plus qu'on réponde aux attaques que subissent leurs bêtes par une indemnisation qui sonne comme un aveu d'échec. Ils n'ont que faire des mesures de protection, qui sont inefficaces face aux prédateurs dont le comportement est inquiétant.

L'une des meilleures garanties contre la prédation est la présence humaine. Allons-nous, alors, condamner nos éleveurs à travailler dans des conditions archaïques, à 2 000 mètres d'altitude, nuit et jour, pour protéger eux-mêmes leurs troupeaux ?

Face à la crise des vocations qui se profile, l'heure n'est plus aux mesures de prévention : il faut agir !

Un seul ours a récemment perpétré trois attaques en moins de cinq jours, à quelques centaines de mètres des habitations. Il a été présenté par les autorités comme anormalement prédateur.

Aussi, monsieur le ministre d'État, à quand une étude mesurant l'impact économique, sanitaire et social de ces réintroductions ? Jusqu'où êtes-vous prêt à aller dans la mise en place des protocoles « ours à problème » ? Plus globalement, quand allez-vous entendre ces éleveurs et tenter de comprendre leur détresse ? (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe Les Indépendants – République et Territoires, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire
publiée dans le JO Sénat du 07/06/2019 - page 8068
M. François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Je connais bien ce problème de cohabitation entre les activités humaines et la nature, dans sa biodiversité. On ne saurait en effet parler de la biodiversité de façon purement théorique : vous avez donc bien fait, madame la sénatrice Carrère, d'évoquer de façon concrète ces problèmes de cohabitation.

Cela dit, nous sommes clairs : l'ours est une espèce protégée. Nous avons même procédé à la réintroduction de deux ourses slovènes, à l'automne dernier, dans les Pyrénées-Atlantiques, car nous voulons préserver l'ours des Pyrénées. Il n'y a qu'une dizaine d'ours dans l'ensemble du massif pyrénéen, ce qui rend de toute façon sa préservation fragile. Je vous le dis clairement, comme je l'ai énoncé aux éleveurs et aux élus locaux que j'ai rencontrés : nous ne mènerons pas une politique d'éradication de l'ours dans les Pyrénées.

Nous sommes en revanche au rendez-vous pour aider les éleveurs et les accompagner dans leur cohabitation avec l'ours, ou d'ailleurs le loup, et ce depuis de nombreuses années. D'ailleurs, une réunion se tenait cet après-midi même, à Toulouse, entre des associations de protection de la nature et des organisations agricoles. Malheureusement, des deux côtés, certaines organisations boycottent ces rencontres, ce qui rend à l'évidence difficiles le dialogue et la coopération sur ces sujets.

M. le ministre de l'agriculture et moi-même avons proposé un certain nombre de mesures concrètes. Nous voulons, d'abord, offrir aux éleveurs une meilleure information sur la localisation de l'ours ; nous espérons que chacun jouera le jeu en la matière. Nous entendons également leur octroyer un accompagnement financier renforcé pour la mise en place de mesures de protection des troupeaux ; vous savez que des mesures d'accompagnement sont en place pour les parcs, les chiens et les bergers. Ces mesures sont subventionnées jusqu'à 100 %, et beaucoup d'autres le sont à 70 %. Enfin, nous prévoyons la mise en place d'un dispositif d'effarouchement graduel, ainsi qu'une revalorisation de l'indemnisation. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à Mme Maryse Carrère, pour la réplique.

Mme Maryse Carrère. Si les éleveurs boycottent aujourd'hui la réunion de Toulouse, il y a bien une raison : ils ne croient plus en ces mesures de prévention ! Ils transhument aujourd'hui la boule au ventre, car ils ne voient pas d'avenir dans leur filière. Il est temps d'apporter de vraies réponses pour apaiser leur colère. Je pense qu'il faut que vous fassiez maintenant un pas vers eux ! (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe Les Indépendants – République et Territoires, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

Question écrite n° 11280 de M. Alain Duran (Ariège - SOCR)

M. Alain Duran attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur les conséquences de la réintroduction des ours dans les Pyrénées.
En effet, depuis la première réintroduction en 1996, force est de constater que la cohabitation avec les acteurs du pastoralisme n'a cessé de se dégrader pour atteindre aujourd'hui un niveau qui n'est plus acceptable, suite au nouveau dérochement survenu le 25 juin 2019 en Ariège, entraînant la perte de plus de 260 brebis, dont dix qui ont dû être euthanasiées. Les constats chiffrés sont bien réels : au 26 juin 2019, 71 dossiers de prédation ont été ouverts contre 30 en 2018 à la même époque et on dénombre 351 brebis tuées contre 73 également à la même époque. À toutes ces pertes, on doit ajouter les souffrances humaines, profondes et insupportables pour les bergers et leurs familles qui voient régulièrement les actes de prédations se multiplier, et vivent dans l'angoisse des ces attaques.
Quand le précédent ministre de la transition écologique a décidé, les 4 et 5 octobre 2018 de lâcher par hélicoptère deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques, ni lui ni le Président de la République n'avaient choisi le territoire où elles s'installeraient. Or aujourd'hui, ce sont plus de soixante ours qui se trouvent dans les Pyrénées ariégeoises. C'est bien cette concentration qui a provoqué le drame de l'Aston et, hélas, en provoquera d'autres.
L'État doit donner un signe fort en direction de cette agriculture paysanne qui se nourrit du pastoralisme et apporte de précieux services économiques, environnementaux et culturels. Il serait regrettable que l'État, qui annonce vouloir conforter cette économie montagnarde, se contredise dans la foulée en ne prenant pas les décisions qui s'imposent et promeuve encore la réintroduction d'un prédateur qui n'apporte qu'incertitudes, interrogations et désolations. C'est pourquoi il lui demande de procéder à des prélèvements graduels d'ours pour soulager la pression, par la même méthode et avec la même urgence mise en place en octobre 2018 pour les lâchers.

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Crédits

Soumis par Thierry Lherm

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