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Dans une tribune, le député Jean-Charles Larsonneur dénonce les souffrances animales inhérentes à l'élevage intensif

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Critiqué pour ses propos sur l’élevage intensif, le député Larsonneur enfonce le clou

Dans une tribune, le député du Finistère Jean-Charles Larsonneur a récemment qualifié l’élevage intensif « d’holocauste quotidien ». Ce qui a suscité de très vives réactions. Il tient aujourd’hui à préciser sa pensée.

« Le 14 juillet, j’ai soutenu une initiative citoyenne pour un référendum sur les animaux, déjà signée par 116 députés, appelant à un débat de grande ampleur sur la condition animale et l’élevage intensif. Chaque année, 150 milliards d’animaux sont tués pour être mangés, soit près de 2 000 animaux par seconde. Rien qu’en Bretagne, 14 millions de porcs charcutiers sont abattus chaque année, soit 60 % de la production française », rappelle le député Larsonneur. « Souhaitant la transition progressive de notre modèle d’élevage intensif vers une polyculture d’élevage raisonnée et de qualité, j’ai qualifié cette boucherie d’holocauste quotidien ».

Dans un communiqué, il dit vouloir apaiser les choses : « Je ne suis pas révisionniste, je ne cherche pas à banaliser le mal. Je n’installe pas non plus une relation d’égalité ou d’identité entre l’horreur absolue qu’est la Shoah, et l’élevage intensif de porcs ou de volailles ». Mais d’ajouter : « J’assume, en revanche, pleinement d’interroger les logiques industrielles d’exploitation de nos frères et sœurs les animaux, êtres vivants, dans la lignée de grands penseurs rescapés ou descendants des camps de la mort (le prix Nobel Isaac Bashevis Singer, l’avocate Lucie Rosen-Kaplan), qui ont cherché à tirer les leçons universelles de la Shoah, dans une logique de non-violence et de respect du vivant ».

Le député comprend que le mot ait pu interpeller, voire choquer certaines personnes. « J’ai souhaité interroger nos consciences, jamais stigmatiser ou faire injure à quiconque, et certainement pas aux paysans que je respecte infiniment. Le remplacer par hécatombe, par exemple, comme me l’ont suggéré plusieurs concitoyens, me va très bien si cela permet de revenir au fond du sujet. Car enfin, quel est l’enjeu ? Le sort de centaines de millions d’animaux, et la nécessaire transformation nécessaire d’un modèle délétère pour le climat, la biodiversité et la santé de nos concitoyens ».

« Non, les choses n’évoluent pas dans le bon sens »
Le député estime par ailleurs qu’en Bretagne, « il est erroné de dire que les choses évoluent dans le bon sens. Beaucoup de producteurs font individuellement des efforts, en raisonnant leurs pratiques ou en choisissant un autre mode de production. C’est un fait. Mais nous ne cessons parallèlement d’intensifier les exploitations et d’augmenter le nombre de têtes. Ces dernières semaines encore, on autorisait deux extensions de super-porcheries à Plougonvelin et à Pouldergat, et la création d’un poulailler industriel au Juch, en bordure immédiate du Parc marin d’Iroise. Et pourtant, on ne cesse de se plaindre des nitrates, dont les taux recommencent à augmenter, des épandages massifs de lisiers, des pesticides employés sur nos cultures de maïs ou du soja importé du Brésil, au prix d’une déforestation galopante, pour nourrir les bêtes ; de l’empoisonnement des sols, de l’air, des rivières et de l’eau que nous buvons au quotidien. Des cancers, qui touchent nos parents et nos amis. On se plaint des algues vertes. De la disparition des abeilles, des papillons et des oiseaux. On dénonce les risques psycho-sociaux liés aux emplois dans les abattoirs, les porcheries et les usines à volailles. On sait les salaires de misère et l’endettement de nombre d’exploitants ou de salariés du monde agro-industriel - car il faudra bien, un jour, que les grands donneurs d’ordre de la chaîne de transformation et de distribution prennent leur part de responsabilité. On voit, enfin, la souffrance des bêtes dans les transports sur nos deux fois deux voies du bout du monde ».

« Ma petite personne importe peu »
« Il est temps d’agir », affirme Jean-Charles Larsonneur. « Et qu’on ne vienne pas me dire qu’avec mes idées, je chercherais à détruire des emplois en période de crise économique. On le sait, les filières d’élevage, transformation incluse, représentent plus de 90 000 emplois dans la région. Mais on sait aussi qu’une activité moins industrielle, raisonnée, biologique, favorisant les circuits courts, est plus intensive en emplois de qualité, et permet de mieux valoriser la compétence et le savoir-faire des paysans. C’est donc d’un cap clair et d’une transition organisée dans la durée, jalonnée par des objectifs précis, dont nous avons besoin. Alors, je veux bien que le président de la FNSEA prétende que je compare les éleveurs à des nazis, que le président de l’Assemblée nationale, suivi de près par une fraction des députés du département, juge mes propos « imbéciles », qu’une coterie de maires de la métropole, estime, à la mode de l’Union soviétique (qui n’aimait rien tant qu’engeôler ses opposants dans des asiles), qu’il relève « soit de la démence, soit de la provocation, peut-être même des deux », qu’un commentateur professionnel estime qu’il s’agit « d’une erreur et d’une faute ». Je vais vous dire : ma petite personne importe peu. Les animaux, la planète et la santé de nos concitoyens et de nos enfants, infiniment plus ».

Les élus interpellés
Et de demander à tous ces élus : « Quelle est votre position sur le référendum des animaux ? À ces maires, qu’avez-vous fait de vos fonctions exécutives pour préserver la biodiversité, favoriser les circuits courts, le raisonné, le bio, limiter l’artificialisation des sols et l’extension des serres chauffées ? Nos concitoyens, vos administrés ont le droit de savoir. À tous les citoyens, associations, élus qui se sentiraient concernés par l’évolution de notre rapport aux animaux et de nos modes de production, je dis : soutenons le référendum pour les animaux, et, ensemble, faisons bouger les lignes ».

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Attentes citoyennes

84%

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sont favorables à l’interdiction de l’élevage intensif

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44%

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estiment que le « bien-être » des animaux de ferme n'est pas assuré aujourd'hui en France

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