Cette société, incapable de supprimer la cruauté et la rapacité de l’exploitation pour les hommes et les femmes à travers le monde est fondamentalement incapable de le faire pour les animaux, même si l’intervention des associations de défense des animaux arrive à freiner les excès les plus visibles.
Condition animale
Réponse de Lutte ouvrière au Manifeste de la condition animale (27 mai 2021) :
Madame, Monsieur,
Je tiens tout d’abord à vous dire que le sort réservé aux animaux qu’ils soient sauvages, domestiques ou d’élevage, ne me laisse pas indifférente. Mais je pense qu’il est la conséquence directe du fonctionnement de l’économie capitaliste et de son moteur, la course au profit, au profit immédiat en faisant fi de la nature, des animaux et des hommes.
Le développement industriel dans le cadre capitaliste saccage la nature. Parce qu’il ne s’inquiète pas des conséquences éventuelles de ses agissements - en ne voyant pas plus loin que les gros comptes en banque - mais aussi parce qu’il traite les richesses naturelles comme des valeurs marchandes bonnes à créer du profit. Et le monde animal fait partie de ces richesses de la nature.
On ne peut qu’être choqué par les conditions de transport du bétail en camion ou en bateau, par les conditions d’existence imposées aux animaux dans les élevages intensifs, par la façon dont ils sont traités dans les abattoirs industriels, révélée au grand public par les images tournées en caméra cachée.
Des images ont aussi montré les conditions de travail exécrables des ouvriers de ces usines, tout aussi révoltantes. Ils sont souvent obligés de travailler dans le froid (4 à 7 °C selon les produits), d’enchaîner les gestes répétitifs qui leur détruisent les articulations. Sans parler de la souffrance au travail que constitue le fait de tuer des animaux, chaque jour, en série et de ne pas pouvoir faire autrement que de leur infliger des souffrances parce qu’il faut suivre les cadences infernales : une chaîne d’abattage de porcs peut traiter 700 animaux par heure.
C’est pourquoi, bon nombre de problèmes soulevés dans votre « Manifeste sur la condition animale » le sont à juste titre.
Je pense comme vous qu’il n’y a aucune raison rationnelle d’imposer aux animaux d’élevage des souffrances inutiles. Il serait possible de supprimer les conditions scandaleuses d’élevage ou d’abattage si le moteur de ces élevages et abattoirs intensifs n’était pas la course au profit à n’importe quel prix. Il en est de même pour ce qui concerne tous les trafics d’animaux de compagnie, de fourrures. Et une économie où la motivation principale est la recherche du profit privé est une économie irrationnelle et cruelle.
Cette société, incapable de supprimer la cruauté et la rapacité de l’exploitation pour les hommes et les femmes à travers le monde est fondamentalement incapable de le faire pour les animaux, même si l’intervention des associations de défense des animaux arrive à freiner les excès les plus visibles.
C’est pourquoi le choix militant que j’ai fait est de combattre ce mode de fonctionnement capitaliste capable d’engendrer tant de monstruosités. C’est le sens de mon engagement politique fondamental.
Je suis convaincue que c’est en se mobilisant pour contrôler et changer ce système-là que l’on pourra faire reculer toutes les souffrances, y compris animales.
Concernant la corrida ou les combats de coq, j’ai déjà signé la pétition nationale à ce sujet car je pense qu'il n'est pas légitime de se divertir d'un spectacle qui occasionne des sévices aux animaux.
J’aspire par ailleurs à une société dans laquelle les être humains auront d’autres passe-temps que la chasse (la chasse comme source de subsistance, elle, subsistera tant que les hommes n’auront pas suffisamment à manger dans le monde entier). L’interdiction de la chasse à courre, loisir cruel de riches oisifs en mal de distraction, me semble justifiée.
Cependant, bien que n’étant pas spécialiste en ce qui concerne l’expérimentation animale, je crois que malgré le développement de méthodes substitutives, l’utilisation des animaux à des fins scientifiques reste à l’heure actuelle incontournable. Il est bien entendu nécessaire d’encadrer les conditions de cette pratique, ce qui existe déjà en France et en Europe et j’estime légitime de la part des associations de pouvoir contrôler les conditions d’application de ces réglementations.
De manière générale, sans rentrer dans le détail de votre manifeste, si parmi des mesures venant en discussion, certaines peuvent améliorer la condition animale, c’est bien volontiers que je les soutiendrai à défaut de les voter puisque je ne suis pas élue au parlement.
Bien cordialement,
Nathalie Arthaud, pour l’ensemble des candidats de Lutte ouvrière aux élections régionales
Voir aussi l'article de notre mensuel Lutte de classe : Cause animale, véganisme et antispécisme
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