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Grenoble adopte un vœu demandant un plan national de sortie de l'élevage intensif par un moratoire et l'accompagnement des différents acteurs

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Sandra Krief Élue municipale, déléguée à la condition animale (38) Parti animaliste

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Vœu : Pour un plan national de sortie de l’élevage intensif

Lors du conseil municipal du 29 Mars 2021, le groupe Grenoble en Commun a demandé au Gouvernement, à travers un vœu, un plan national de sortie de l’élevage intensif.

Depuis mars 2020, le monde est confronté à une pandémie aux conséquences sanitaires, économiques et sociales désastreuses. La réponse de l’État s’est pour le moment focalisée sur le traitement des conséquences de cette crise : approvisionnement en masques, relance économique, vaccination…

Tout cela est évidemment essentiel, mais il convient dès aujourd’hui de réfléchir et d’agir sur les causes de cette crise afin d’anticiper et éviter de prochaines pandémies que le monde scientifique nous annonce inéluctables si nous ne changeons pas notre rapport à l’écosystème et au monde animal en particulier.

La COVID-19 est une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui se transmet de l’animal à l’homme. L’élevage intensif et la déforestation pour nourrir et parquer les animaux que nous exploitons sont aujourd’hui deux causes majeures et parfaitement identifiées de l’apparition des virus de type Covid 19, et de bien d’autres encore.

Or, c’est de l’élevage intensif que sont issus la très large majorité des produits d’origine animale que nous consommons dans le monde. En France, cela concerne 83% des poulets de chair, 97% des dindes, 47% des poules pondeuses, 99% des lapins, 95% des cochons, 60% des caprins. Des animaux élevés en bâtiments fermés, en cage, ou encore directement sur béton. On parle ici, bien entendu, des animaux exploités pour l’alimentation. N’oublions pas ceux exploités pour leur fourrure tels que les visons qui pourraient être à l’origine de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. En parallèle, du fait de la déforestation liée à l’élevage intensif, les animaux sauvages doivent de plus en plus souvent cohabiter avec les espèces domestiques permettant à de nouvelles souches virales d’émerger et de prospérer.

Pour anticiper les prochaines zoonoses, c’est tout un modèle qui est à repenser.

Repenser d’abord notre dépendance vis-à-vis de l’élevage intensif. Pour cela il conviendrait de suspendre immédiatement la construction ou l’extension de ces bâtiments industriels qui parquent les animaux dans des cages, sans espace ni lumière. En effet ces conditions de promiscuité extrêmes sont particulièrement propices au développement de l’antibiorésistance créant l’émergence de nouveaux agents pathogènes qui favorisent et ne permettent pas d’assurer la sécurité sanitaire dont nous avons besoin pour nos concitoyens et concitoyennes. Elles génèrent également des souffrances terribles pour les animaux, ces êtres vivants et sensibles.

De plus, cette mesure permettrait de favoriser les exploitations à taille humaine dans lesquelles les éleveurs et éleveuses sont sensibilisé-es au bien-être des animaux et s’efforcent de le prendre en compte dans leur gestion quotidienne en augmentant notamment leurs espaces de vie ou en leur accordant des accès à l’extérieur. Malgré leurs bonnes intentions, ils peinent souvent à obtenir des financements et se heurtent à une Politique Agricole Commune qui tend à favoriser les élevages intensifs. De nombreuses petites et moyennes exploitations tâchent également de produire sur place la nourriture de leurs animaux, permettant de participer à la réduction de l’importation de soja. Ces initiatives locales doivent aujourd’hui être saluées et, surtout, soutenues.

Repenser ensuite notre surconsommation de produits carnés. Une augmentation progressive de la part de protéines végétales dans les repas servis par la restauration collective irait dans le bon sens pour montrer l’exemple. Elle nous permettrait d’atteindre l’autonomie alimentaire et agricole en matière de production et consommation de protéines, et de ne plus dépendre des importations de soja issu de la déforestation de l’Amazonie et destiné aux animaux d’élevage.

Toutes ces propositions sont soutenues par la Convention citoyenne pour le climat, que le Président de la République s’est engagé à mettre en œuvre ou soumettre au Parlement, et par ce vœu nous souhaitons les appuyer.

L’urgence éthique, climatique, environnementale, sanitaire et sociale impose d’engager notre pays dans une transition agricole et alimentaire : nous devons nous diriger rapidement vers une consommation durable, saine, respectueuse de l’environnement, des animaux et des humains.

Sur les mots de Serge Morand, chercheur en écologie au CNRS : « Il faut vraiment remettre l’agriculture au centre des problèmes, et par conséquent au centre des solutions ».

C’est pourquoi le conseil municipal de la Ville de Grenoble demande au Gouvernement l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de sortie de l’élevage intensif visant :

  • la suspension par moratoire des nouvelles constructions et des extensions de bâtiments existants destinés à élever des animaux sans accès au plein air ;
  • la mise en œuvre de mesures nationales visant notre autonomie en protéines végétales ;
  • le soutien au développement de la végétalisation de l’alimentation dans la restauration collective publique ou privée ;
  • l’accompagnement des filières dans cette transition par des aides à la reconversion vers des systèmes moins intensifs et vers des productions alternatives.

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Attentes citoyennes

84%

des Français
sont favorables à l’interdiction de l’élevage intensif

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44%

des Français
estiment que le « bien-être » des animaux de ferme n'est pas assuré aujourd'hui en France

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