Élevage

Lors du vote pour l'instauration d'un «menu standard 100% végétarien» par la ville de Grenoble, Sandra Krief prend la parole pour dénoncer l'élevage intensif

Personnalité politique (1)

Photo Sandra Krief
Sandra Krief Élue municipale, déléguée à la condition animale (38) Parti animaliste

Communication officielle

Élevage intensif Menus végés Municipale

Retranscription de l'intervention de Sandra Krief

Le 29 mars 2021, la Ville de Grenoble a porté un vœu s’adressant au gouvernement pour demander l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de sortie de l’élevage intensif.

Aujourd’hui encore c’est de l’élevage intensif et industriel que sont issus la très large majorité des produits d’origine animale que nous consommons dans le monde.

Je vous parle de produits, mais en réalité, les mots ont une portée politique très importante ici, car ces produits sont des animaux, des êtres vivants doués de sensibilité et de conscience.

En France, cela concerne 83% des poulets de chair, 97% des dindes, 47% des poules pondeuses, 99% des lapins, 95% des cochons, 60% des caprins.

Des animaux élevés toute leur courte vie en bâtiments industriels fermés, en cage, ou encore directement sur béton. Sans accès à l’extérieur, sans espace, et sans jamais voir la couleur du ciel sauf lors du trajet qui les conduira à l’abattoir.

Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se déplacer, prendre l’air... la liste des comportements entravés est longue dans la plupart des élevages industriels.

Les chiffres montrent que sur plus d’un milliard d’animaux tués chaque année en France, au moins 850 millions, soit environ 8 animaux sur 10, sont confinés dans des élevages intensifs, sans accès à l’extérieur.
Si les bovins ont encore souvent un accès à l’extérieur, certains d’entre eux passent aussi leur vie enfermés dans une étable.
La filière bovine est d’ailleurs loin d’être exempte de l’intensification. Si la ferme des 1 000 vaches ou des 1 000 veaux sont les plus connues, il y a en France des exemples de centres d’engraissement de 1 000, 2 000 taurillons.
Les animaux en élevages intensif sont sélectionnés pour leur productivité, on sépare les mères de leurs petits.
Leur taux de mortalité est très élevé : par exemple, 20% des cochons meurent avant le jour de leur abattage.
Dès le début de leur vie, des mutilations sont pratiquées pour « adapter » les animaux à la claustration, à la surpopulation des élevages ou au goût des consommateurs :
épointage des becs ;

  • dégriffage des pattes des poules et des canards ;
  • coupe des queues.
  • rognage des dents des cochons ;
  • écornage des veaux.
  • castration des cochons, des veaux, des chapons.

Les animaux provenant d’élevages intensifs peuvent être transportés sur de longues distances. Les trajets à travers l’Europe restent fréquents. Le chargement, le transport et le déchargement sont de grandes sources de stress pour les animaux. Nombre d’entre eux en meurent. S’il existe un règlement européen en la matière, le rapport de l’office vétérinaire européen dresse un état des lieux mitigé de la situation en France.)

L’élevage intensif est aussi responsable d’une perte pour la biodiversité : génétiquement, les animaux se ressemblent de plus en plus. Un coq peut avoir jusqu’à 28 millions de descendants, un taureau jusqu’à 1 million. Les gènes de millions de bovins et de porcins correspondent désormais à moins de 100 animaux. Pour les volailles, ce ne sont plus qu’une vingtaine. La plus grande partie de la diversité génétique est irrémédiablement perdue.)

Parlons aussi des conditions de promiscuités extrêmes, de ces animaux, qui, année après année, provoquent l’émergence de zoonoses, et sont particulièrement propices au développement de l’antibiorésistance créant l’émergence de nouveaux agents pathogènes.

Comme la promiscuité entre les animaux dans les élevages intensifs est particulièrement propice à l'apparition et au développement de maladies infectieuses, les éleveurs sont contraints de distribuer des quantités importantes d’antibiotiques aux animaux destinés à la consommation humaine, afin de prévenir et traiter les maladies. En 2020 en France, 38 % des antibiotiques consommés l’ont été par les animaux d'élevage, ce qui représente 415 tonnes de matière active.
En santé animale, 95 % des antibiotiques sont administrés à des animaux destinés à la consommation humaine et 5 % à des animaux de compagnie.
À cela s’ajoutent des antibiotiques utilisés à faible dose pour stimuler la croissance des animaux.

En France, l’antibiorésistance est déjà la cause de plus de 12 500 décès par an.
Si rien ne change, les maladies infectieuses d’origine bactérienne pourraient redevenir en 2050 l’une des premières causes de mortalité dans le monde, en provoquant jusqu’à 10 millions de morts par an soit une personne humaine toutes les 3 secondes.

Rappelons aussi que c’est l’élevage intensif qui est responsable, à 65%, de la déforestation de la forêt amazonienne. L’élevage intensif et le soja exporté comme aliment du bétail sont la première cause de la déforestation au Brésil. Greenpeace affirme que l’élevage bovin est responsable à 65 % de la destruction de la forêt amazonienne. Plus de 60 % des 2,8 millions de tonnes de tourteaux de soja importées par la France pour nourrir les animaux d'élevage viennent d'Amérique du Sud.
La majeure partie du soja utilisé pour nourrir les animaux d’élevage en France provient de plantations à grande échelle dans la forêt amazonienne.

Est-il aussi nécessaire de se souvenir que l’élevage intensif, dans le monde, est responsable pour 14.5% des émissions de gaz à effet de serre.

Un scénario remplaçant l’alimentation actuelle par une alimentation 100 % végétale permettrait de diminuer les émissions de GES liées à l’alimentation de 49 % et nécessiterait 76 % de surfaces agricoles en moins.
Les terres agricoles françaises sont accaparées par les animaux d’élevage : un peu plus de 40 % des terres arables sont destinées à l’alimentation animale, que ce soit en prairies artificielles ou en cultures de plantes pour l’alimentation des animaux. L’alimentation animale est par exemple aujourd’hui le principal débouché industriel des céréales françaises : elle en consomme 10,2 millions de tonnes, ce qui représente la moitié des utilisations en France.
Par ailleurs, la France importe 5,4 millions de tonnes de soja par an en provenance du Brésil, de Paraguay, entre autres contribuant ainsi à la déforestation en Amérique latine et aux problèmes sociaux liés au développement des grandes cultures intensives au détriment des petits paysans.

Ainsi, c’est près de 85 % de la production mondiale de soja qui est destinée à l’alimentation animale. Tant les céréales que le soja sont des denrées hautement nutritives, directement consommables par les humains.

Ce sont donc près de 2/3 des terres agricoles dans le monde qui sont consacrées à l’élevage ou à la production d’aliments pour le bétail, les affecter à l’alimentation animale constitue un détour de production particulièrement inefficace.

L’élevage industriel est un secteur qui gaspille drastiquement les ressources, sachant que près de 800 millions d’humains souffrent de malnutrition dans le monde, si les pays riches divisaient par deux leur consommation de viande, la ration calorique des habitants des pays en développement augmenteraient et au moins 2.2 M d’enfants échapperaient à la malnutrition chronique.

L’élevage industriel a aussi un impact catastrophique sur la consommation en eau et sur la pollution des nappes phréatiques.
En moyenne, il faut 7900 l d'eau pour obtenir 1 kg de protéines carnées contre 4650 l pour 1 kg de protéines végétales.

L’élevage émet des quantités importantes de nitrates, de phosphates, et autres substances qui s’accumulent dans l’eau et provoquent la prolifération des algues vertes.

L’élevage intensif est aussi destructeur pour les travailleurs du secteur : plus de 25% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Le moindre imprévu peut faire basculer un agriculteur et sa famille dans un engrenage pernicieux duquel il est très difficile de sortir.

Alors qu’en France, 90% des exploitations agricoles reçoivent des subventions publiques conséquentes.

L’urgence éthique, climatique, environnementale, sanitaire et sociale impose d’engager notre pays dans une transition agricole et alimentaire : nous devons nous diriger rapidement vers une consommation durable, saine, respectueuse des animaux de l’environnement, et des humains.
Les expertises scientifiques les plus récentes préconisent une réduction drastique – allant de 50 à 90 % – de notre consommation actuelle de produits d’origine animale, dans l'objectif de lutter contre le réchauffement climatique.
C’est pourquoi diminuer significativement sa consommation de produits animaux est indispensable, tout en se détournant des produits issus de l’élevage intensif. Il est aussi possible d’éviter de contribuer à la souffrance et à la mort des animaux d’élevage en s’abstenant d’en consommer.
Imaginez que, dans un abattoir industriel, se tuent 73 bovins, 840 cochons chaque heure, et près de 200000 poulets par jour.
Depuis le début de mon allocution, en France, 24000 animaux terrestres pour la plupart issus d’élevages intensifs ont été abattus.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Grenoble a déjà, en 2021 et pour le reste du mandat, inséré des critères de bien-être animal dans toutes ses commandes publiques, qu’elles soient alimentaires (avec l’exclusion des produits issus d’élevage intensif), qu’elles concernent les produits d’entretien (qu’ils ne soient pas testés sur les animaux), et aussi pour l’ameublement (exclusion du cuir).

Aujourd’hui, le 27 juin 2022, en toute cohérence avec notre ligne politique, nous vous proposons la mise en place de l’alternative végétarienne dans toutes nos cantines scolaires.

Parce que Grenoble souhaite faire de son territoire un pôle emblématique d’un autre avenir possible.

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44%

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