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Vœu «en faveur d’une loi Évin condition animale» empêchant «la publicité relative aux produits issus d'élevages industriels»

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Sandra Krief Élue municipale, déléguée à la condition animale (38) Parti animaliste

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Ce vœu, proposé par Sandra Krief, adjointe au maire de Grenoble déléguée à la condition animale, intitulé « Vœu en faveur d’une loi Évin condition animale et climat, pour la suppression des publicités pratiquant la promotion de produits ou services écocides », demande au gouvernement :

  • d’entamer une réflexion quant à un encadrement juridique de la publicité dans l’espace public selon des critères environnementaux, en se fixant l’objectif d’empêcher la publicité relative à des produits et services tels que les voyages en avion, les véhicules à moteurs fossiles, les produits issus d’élevages industriels, ainsi que la publicité émanant d’entreprises responsables du raffinage, de la distribution et/ou de la vente de carburants fossiles ;
  • d’appliquer sans filtre la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat pour réguler la publicité afin de réduire les incitations à la surconsommation.

Discours de présentation du vœu par Sandra Krief :

Monsieur le maire, mesdames et messieurs les élus, chères grenobloises et grenoblois,
Nous avons la chance immense de vivre dans un pays où la plupart des grands combats sociétaux menés par le passé ont été gagné. Le droit à l’avortement, l’abolition de la peine de mort, l’accès au RSA, plus récemment le mariage pour tous. Bien d’autres sont en cours et enregistrent déjà des avancées plus que significatives comme l’égalité femmes homme.

Au-delà de ces combats, celui de l’urgence climatique constitue sans pareil le défi le plus capital auquel l’humanité a été confronté, notamment parce que l’humain est, au moins depuis l’ère industrielle, le principal acteur de ce désastre. Le plus capital aussi parce qu’il induit la prise de conscience non pas de quelques-uns et de quelques-unes mais de la prise de cette conscience par toutes et tous, dans un élan universel ou la responsabilité est enfin collective face à un enjeu qui dépasse les clivages classiques et les querelles partisanes, les frontières et les océans.

Afin d’éviter cette tragédie, notre génération et celles à venir ont plus qu’une responsabilité mais un devoir : celui de mettre tout en œuvre pour sauver notre planète, la Terre, d’un destin funeste, annoncé, instruit non pas par les dogmes mais par la science. Ce combat, guidé par une urgence absolue constitue également une main tendue par le destin puisqu’elle nous permet de n’être plus simplement des témoins passifs mais des acteurs actifs. Chaque jour, toutes et tous et autant que nous sommes, dans nos différences comme dans nos similitudes, dans nos grades, nos langues et nos diversités, nous oblige à être à la hauteur de cet enjeu, unique et inédit, positionnant toutes et tous en humbles soldats face à une guerre qui tue et tuera sans pareil dans l’histoire de l’humanité.

Le vœu que j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui s’intitule :

En faveur d’une loi Évin condition animale et climat, pour la suppression des publicités pratiquant la promotion de produits ou services écocides.

En effet, la publicité́ induit deux grands écueils pour l’avenir du vivant : elle est à la fois un frein majeur aux transitions écologiques du fait des imaginaires qu’elle véhicule ; mais c’est aussi une pollution intrinsèque de nos espaces publics, de l’environnement, et une atteinte sévère à la condition animale.

Le rapport du Giec envisage la « régulation de la publicité » comme un outil à mobiliser pour limiter le réchauffement climatique.
La Convention Citoyenne pour le Climat a d’ailleurs proposé en ce sens de “Réguler la publicité pour réduire les incitations à la surconsommation” et pour ce faire :

  • Interdire de manière efficace et opérante la publicité des produits les plus émetteurs de GES1, sur tous les supports publicitaires
  • Réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non- choisies à la consommation.
  • Mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer

Le message citoyen à l’endroit des classes politiques est clair : le modèle néolibéral, ou les intérêts privés passent avant l’intérêt général, est incompatible avec l’urgence climatique. Pour mettre fin à la consommation excessive de produits écocides, il faut commencer par en réguler la publicité́ .

Parmi les activités illustrant parfaitement ces problématiques, nous distinguons trois secteurs d’activités particulièrement pernicieux :

  • L’industrie des produits d’origine animale,
  • Les véhicules à moteurs thermiques,
  • Les vols commerciaux ou voyages en avion long-courriers.

Selon la DGAC2 et la SNCF3, un passager en avion émet 56 fois plus de CO2 que celui en TGV. Les avions émettent également d'autres gaz à effet de serre, tels que la vapeur d'eau, l'oxyde d'azote et les particules fines, qui contribuent également au réchauffement climatique.

En ce qui concerne l’industrie automobile, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire lui-même, les voitures à moteur thermique sont responsables de près d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, et sont donc un contributeur majeur au changement climatique.

Localement, l’étude Mobil’air, menée par sept laboratoires de l’université Grenoble Alpes en 2021 a démontré que la promotion des modes actifs de déplacement (§notamment un doublement de la part modale du vélo), conjuguée à une action sur l’éradication du chauffage au bois non performant permettrait de réduire cette mortalité des deux tiers.

Les effets néfastes de l'élevage industriel sur le climat sont connus. Déforestation, transformation d'écosystèmes destinés à la pâture des animaux et aux cultures
approvisionnant les élevages, émission de gaz à effet de serre, consommation massive des ressources en eau, eutrophisation, pluies acides, etc. Les conséquences sont nombreuses et hétéroclites, seule constante, leur caractère mortifère

L’élevage serait responsable de 14,5% à 51% des émissions globales de gaz à effet de serre selon les estimations4. Le fait de réduire de 2/3 sa consommation de viande serait aussi efficace que de diviser par deux l’ensemble du trafic routier mondial.

Par ailleurs, produire de la viande et des produits laitiers monopolise 83 % des terres agricoles mondiales. Or, la production de calories consommées correspondante ne représente que 18 % de l’ensemble des calories consommées, soit un important gaspillage des ressources qui accentuent la famine dans le monde. Ces terres sont souvent issues de la déforestation. C’est pourquoi la production de viande et de produits laitiers est la principale cause de l’extinction de masse des espèces animales et contribue au phénomène de l’effet de serre.

De plus, l’activité d’élevage industriel aggrave également la pénurie d'eau dans le monde. La gestion de cette ressource devient préoccupante en France, comme le montre les récents épisodes de sécheresse ou l'affaiblissement des niveaux des cours d’eau et des nappes phréatiques. 30 % de l'eau utilisée dans le monde sert à la production de produits d'origine animale, notamment pour la culture des aliments destinés aux animaux d'élevage. Parmi tous les produits d'origine animale, la viande de bœuf est celle qui consomme le plus d'eau. La production d'un kilo de viande de bœuf nécessité jusqu'à 15 300 litres5 d’eau.
À l’échelle individuelle, la surconsommation de viande, en particulier de viande rouge, tend à augmenter le risque de cancers du côlon, de maladies cardio-vasculaires, d’obésité ou de diabète de type 2, et plus généralement la mortalité.
Enfin, la consommation excessive de produits d'origine animale a des conséquences directes sur les animaux destinés à l'alimentation. Pour produire une quantité aussi massive de viande, il est nécessaire de les entasser, de les sélectionner génétiquement pour obtenir des corps déformés, et de les soumettre à des mutilations afin de les
adapter à des conditions de vie qui limitent considérablement leurs comportements naturels. En France, sur plus d'un milliard d'animaux abattus chaque année (3 millions
par jour pour les animaux terrestres uniquement), au moins 850 millions, soit environ 8 animaux sur 10, sont confinés dans des élevages intensifs sans jamais aucun accès à l'extérieur.

Cette situation ne peut être améliorée, car les systèmes d'élevage intensif sont en totale contradiction avec le bien-être animal.

ll est donc impératif de réduire la consommation de viande pour lutter efficacement contre le changement climatique et réduire son impact sur la santé humaine et
bien sûr sur la condition animale. Pour y parvenir, limiter la publicité pour les produits d’origine animale est un pas nécessaire afin de faire évoluer nos pratiques de consommation.

Pour le bien de notre planète, de notre santé, et de tous les animaux, nous avons besoin de publicités positives qui vantent les mérites de produits sains et respectueux de la Terre et des animaux, humains et non humains.
Il n’est aujourd’hui intolérable de dire aux gens qu'on vit une crise climatique et de les inciter à acheter des produits qui y contribuent. L’interdiction de la publicité concernant ces activités incitant à la consommation des produits ou services les plus polluants pose ainsi un premier jalon du recul de leur présence dans l’espace culturel commun, et donc, à terme, de leurs consommations.

Il conviendra d’encourager et de favoriser l’information et la communication autour de produits, services et comportements écoresponsables. Les citoyen-nes ne doivent plus faire leurs choix de consommation sous l’influence de publicités véhiculant des fétiches mortifères, créées par les entreprises des secteurs les plus écocides.

Notons qu’en France, l’interdiction de la publicité pour les énergies fossiles est l’une des rares mesures réellement mise en œuvre parmi les nombreuses propositions formulées par la Convention citoyenne pour le climat.

Depuis 2014, la municipalité de Grenoble a mis en œuvre diverses mesures visant à réduire la présence de publicités dans l'espace public. En 2015, un Règlement Local de Publicité (RLP) a été adopté, entraînant une réduction de la taille et du nombre de panneaux publicitaires dans la ville, ainsi que l'interdiction des publicités lumineuses, des publicités pour les voitures et les produits polluants. Parallèlement, une campagne de sensibilisation a été lancée pour encourager les entreprises à réduire leur impact environnemental en matière de publicité. Des initiatives telles que Ouipub ont été mises en place pour accompagner les acteurs vers une activité publicitaire plus responsable, en accord avec les nouvelles normes d'éthique écologique. Malgré cela, la publicité subsiste dans les abribus.

Il n’en demeure pas moins que la politique menée à Grenoble a permis une réduction significative de la pollution numérique et lumineuse, et que les Grenoblois-es peuvent désormais circuler sans être contraint-es, par ce qu’il leur était imposé au regard, d’offrir leur attention à des marques écocides.

Cette réussite doit pouvoir servir d’exemple et le modèle grenoblois doit être étendu à l’échelle nationale pour que l’ensemble des Français-es puisse profiter de cette avancée écologique et sociale.

En conséquence, le conseil municipal de la Ville de Grenoble demande au Gouvernement :

- d’entamer une réflexion quant à un encadrement juridique de la publicité dans l’espace public selon des critères environnementaux, en se fixant l’objectif d’empêcher la publicité relative à des produits et services tels que les voyages en avion, les véhicules à moteurs fossiles, les produits issus d’élevages industriels, ainsi que la publicité émanant d’entreprises responsables du raffinage, de la distribution et/ou de la vente de carburants fossiles ;

- d’appliquer sans filtre la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat pour réguler la publicité afin de réduire les incitations à la surconsommation

Au-delà de ce vœu, je profite de cette prise de parole pour insister sur l’urgence que représente le combat contre les élevages industriels qui constituent un assassinat massif et quotidien de milliards d’animaux terrestres et marins, dotés, nous le savons, de consciences mentales et métaphysiques. De la même façon que nous nous sommes interrogés sur l’urgence climatique, nous devons être en mesure de nous interroger mais surtout de trouver des réponses immédiates et définitives permettant de cesser ce massacre et de nous positionner en parfaite symbiose avec notre niveau de civilisation.

Merci pour votre écoute et votre attention

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Attentes citoyennes

44%

des Français
estiment que le « bien-être » des animaux de ferme n'est pas assuré aujourd'hui en France

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84%

des Français
sont favorables à l’interdiction de l’élevage intensif

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